Text fr.- "Les peuples sont exposés. On aimerait bien, "âge des médias" aidant, que cette proposition veuille dire : les peuples sont aujourd'hui plus visibles les uns aux autres qu'ils ne l'ont jamais été. Les peuples ne sont-ils pas l'objet de tous les documentaires, de tous les tourismes, de tous les marchés commerciaux, de toutes les télé-réalités possibles et imaginables ? On aimerait aussi pouvoir signifier, avec cette phrase, que les peuples sont aujourd'hui mieux "représentés" qu'autrefois, "victoire des démocraties" aidant. Et pourtant il ne s'agit, ni plus ni moins, que du contraire exactement : les peuples sont exposés en ce qu'ils sont justement menacés dans leur représentation - politique, esthétique -, voire, comme cela arrive trop souvent, dans leur existence même. Les peuples sont toujours exposés à disparaître. Que faire, que penser dans cet état de perpétuelle menace ? Comment faire pour que les peuples s'exposent à eux-mêmes et non pas à leur disparition ? Pour que les peuples aparaissent et prennent figure ?" (Georges Didi-Huberman; press text).